L’immobilier d’entreprise a engagé depuis quelques années déjà sa transformation numérique, tournée vers une révolution des usages et centrée sur les services et l’intelligence au cœur du bâtiment. La crise que nous traversons apparaît comme un accélérateur de ces tendances et une formidable opportunité pour les acteurs de la filière d’œuvrer pour la construction du bâtiment intelligent.
Des environnements de travail tournés vers l’expérience collaborateur
L’avènement du télétravail massif lié à la crise sanitaire a permis de reconsidérer les environnements de travail. Ils sont désormais protéiformes, constitués à la fois de lieux physiques, mais aussi d’outils professionnels de collaboration qui permettent aux entreprises de s’affranchir des limites physiques du bâtiment tertiaire. Les mois qui se sont écoulés ont ainsi révélé la nécessité de dessiner des « bureaux » plus agiles, plus sûrs et plus résilients. Open-space, flex-office, télétravail, quelle que soit la forme que prend le travail, les acteurs de la filière doivent innover pour accompagner ses différentes mutations et ses différents visages au travers des années, mais surtout au cours d’une même journée. Ici, l’enjeu est d’accompagner la flexibilisation des temps de travail et la fragmentation qui, sous l’accélération des rythmes de vie, voient chacun des collaborateurs passer très rapidement d’un mode de travail à un autre.
Selon l’enquête Kardham « L’impact de la crise sanitaire sur l’environnement de travail » réalisée pendant et après le confinement, 80% des 3050 répondants souhaitent continuer de télétravailler après crise. Il y a donc fort à penser que la notion de bureau s’élargira durablement au-delà des murs de l’entreprise. Avec deux conséquences : tout d’abord l’immeuble tertiaire devra résolument être tourné vers une approche servicielle, dans une optique de fournir la meilleure expérience possible aux collaborateurs. En effet, si la fréquentation des bureaux en entreprise est moindre, il faudra toutefois renforcer la valeur donnée au bureau, qu’il soit plus identitaire et plus puissant dans l’expérience. Demain, les lieux de travail devront magnifier les échanges sociaux et le sentiment d’appartenance.
Un digital workplace durable et sécurisé
Cela signifie aussi que les organisations devront plus que jamais réfléchir à adopter des solutions complètes pour communiquer, se former, collaborer, manager et fédérer à distance. Des solutions suffisamment performantes techniquement pour remplir ces tâches de manière massive, continue et flexible et répondre ainsi aux besoins pluriels de leurs utilisateurs. Mais également des solutions durables, dans un contexte de prise de conscience accrue des enjeux environnementaux dans « le monde d’après ». Enfin, l’enjeu sera de réfléchir à des environnements sécurisés. La cybersécurité du capital de l’entreprise (bâtis, collaborateurs, données) était, déjà avant crise, un enjeu essentiel de la transformation numérique des bâtiments. Sous l’effet du digital, les bâtiments agissent comme de véritables plateformes d’objets connectés. Ils sont donc certes capables d’être plus performants, plus intelligents mais malheureusement aussi, intrinsèquement plus vulnérables. L’accélération de la dématérialisation du travail a complexifié ce sujet de la cyberprotection : les acteurs de la filière doivent désormais assurer la sécurité de l’information non plus sur un seul lieu clos et clairement délimité, mais sur une multitude de lieux et de postes de télétravail. Les entreprises doivent plus que jamais faire le choix de solutions pérennes garantes de la confiance dans les services numériques offerts par l’immobilier tertiaire : des services souverains, capables de répondre aux exigences réglementaires à la fois en matière de gestion des risques IT et de respect des données personnelles (RGPD).
À y regarder de plus près, on mesure à quel point la crise a surtout été un catalyseur de tendances déjà émergentes pré-crise. Et à quel point elle invite les organisations à se réinventer sous l’impulsion du digital pour repenser l’immobilier d’aujourd’hui et de demain.
Pascal Zératès, Directeur Général de Kardham Digital.